Au delà du mur acrylique sur toile 175 x 125 cm
Après une série sur les archéologies imaginaires dans lesquelles tout un chacun pouvait se perdre et se retrouver en même temps -au moins ainsi la beauté était dans l’œil de celui qui regardait- j’ai constaté que la surface des choses pouvait aussi m’intéresser. Quoi de plus épais qu’une peinture richement secrète des hésitations, repentis, repeints et couches de tant de teintes que quelquefois on ne sait plus quelle était notre première idée.
Enfin voilà, tout à coup l’été 2006, le paysage est devenu mon obsession. Je me suis servi comme fond d’une vieille peinture de 1982. J’avais peint, sur une toile de 20 m de long sur 2m de hauteur, le paysage qu’il y avait derrière (un champ à La Trugalle dans la Sarthe). Une peinture au balai, au rouleau, à la grosse brosse (Voir les photographies ci-dessous). Cette brave chose a dormi dans mon garage pendant 23 ans, jusqu’à ce que je la sorte pour faire diversion : il s’agissait de montrer à un ami en profonde peine que la vie comporte des surprises.
J’ai donc saucissonné ce grand calicot horizontal en support de 175 x 125 cm. Quelques formats 105 x 105 cm me sont tombés dessus également sans crier gare. Le paysage est devenu paysages imaginaires. Chaque peinture a été reprise, quelquefois un ou deux ajouts ont suffi mais le plus souvent tout à été repeint. J’ai essayé de donner envie de découvrir ce qu’il y avait derrière, de s’enfoncer dans la matière picturale et d’aller s’y voir regarder.
Quand j’ai eu épuisé cette source picturale, un écrivain un peu oublié s’est rappelé à moi l’été 2007 (le pauvre est d’ailleurs mort en décembre 2007). C’est ainsi que Julien Gracq s’est invité dans mes toiles. J’ai d’abord approché le Château d’Argol, son premier roman, très noir mais lyrique en même temps, avec beaucoup d’emphase et un luxe dans le choix des adjectifs, des couleurs et une certaine violence (l’éternelle guéguerre entre nature et culture). Bref, j’ai peint des Château d’Argol et des Rivage des Syrtes. Très prenant, le Rivage des Syrtes, l’angoisse sourde avant la guerre, avant la chute de la civilisation. Et là aussi des formes ont surgi : la forteresse, le rivage, la mer, le désert, l’amour, la mort, mais comme sublimés par la couleur, pour en faire un ultime rempart contre la barbarie.
Les couleurs : à l’origine il y a le bleu (l’eau) et le jaune (le soleil). Le vert s’invite en même temps que la vie. Le rouge (le feu) décide de rompre ce charme évident.
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